Samuel était avachi devant la
télé, profitant avec une joie immense de cette douceur de ne rien
faire, la dolce farniente la plus totale. Qu’il était bon
d’être en vacances ! Principalement les vacances de Noël où
tout n’était que friandises et fête ! Il s’étira comme un
chat alors que son émission s’achevait, heureux de constater que
demain serait Noël. Qu’est-ce qu’il raffolait de cette fête !
Certes, ses yeux étaient beaucoup moins pétillants que lorsqu’il
était enfant et il ne guettait plus le père Noël, mais cela
restait pour lui un moment heureux. Parfois, il s’étonnait tout de
même d’oublier que la fête approchait, trop occupé qu’il était
avec sa vie trépidante de lycéen. Puis sa mère venait lui demander
quel cadeau lui ferait plaisir pour le fameux jour et alors tous ses
souvenirs revenaient. Comment avait-il pu oublier Noël ?! Et
lorsque les vacances annonciatrices commençaient, il avait cessé
depuis longtemps de trépigner d’impatience, mais il continuait à
attendre la fête avec un plaisir distinct. Au dehors, il entendit le
moteur d’une voiture qu’on garait dans l’allée. Il se leva
afin d’aller observer et son visage s’assombrit. Il y avait juste
une chose dérangeante pour le Noël de cette année…
- Samuel, on est là !
S’écria sa mère.
Le jeune homme se précipita dans
l’entrée pour les accueillir, effrayé d’être traité de
malpoli.
- Bonjour Grand-père,
déclara-t-il d’une voix morne.
Le vieil homme se tourna vers lui
après avoir enlevé son écharpe. Samuel fut frappé en constatant
que celui-ci avait beaucoup vieilli depuis la dernière fois qu’il
l’avait vu, cependant son grand-père afficha son habituel sourire
mesquin.
- Oh Samuel, tu es toujours
aussi vilain que la dernière fois que je t’ai vu.
Puis se tournant vers les parents
de l’intéressé.
- Vous êtes sûres que c’est
mon petit-fils ?
Ses parents rirent tandis que la
mine de Samuel s’assombrissait. Il avait toujours détesté cette
manie de son grand-père de le rabaisser, certes ses parents avaient
beau lui dire qu’il plaisantait, mais c’était un sujet sensible
pour un adolescent.
- On monte tes affaires dans la
chambre papa, annonça le père de Samuel en attrapant la petite
valise.
Sa mère se dirigea dans la
cuisine, si bien que Samuel se retrouva seul avec son grand-père.
- Alors, tu es toujours aussi
mauvais en classe ?
A nouveau Samuel serra la mâchoire
pour s’empêcher de répondre méchamment.
- Je me suis… amélioré.
- Moyen c’est toujours mieux
que nul.
Un gros effort fut fait par Samuel
qui se précipita avec un soupir de soulagement lorsque sa mère
l’appela.
- Ecoute, fit-elle lorsqu’il
fut dans la cuisine, ton père et moi nous avons une course demain et
nous aimerions que tu restes avec ton grand-père pour la journée.
Samuel resta sans voix.
- Quoi ? Vous me laissez
seul avec lui un 24 décembre ?!
Sa mère afficha une moue
désapprobatrice et Samuel comprit qu’il était allé un peu trop
loin.
- Ton grand-père est heureux de
sortir de la maison de retraite et tu ne le vois pas souvent, tu
pourrais faire un effort que ce soit le 24 décembre ou non ?
- Oui mais…
- Comme tu as sûrement du le
constater, ce n’est pas la grande forme pour lui en ce moment,
c’est pourquoi il sera heureux que tu restes avec lui demain.
- Mais je…
- Plus de mais, tu t’occuperas
de ton grand-père demain, point.
Penaud, Samuel retourna dans sa
chambre. Pourquoi lui infligeait-on cela !
Coralie MARTIN
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