Jean se retournait dans son lit,
se débattant contre ses couvertures. Il venait de faire un
cauchemars, il venait de réver du jeune garçon qui venait de se
faire arrêter pour vol. Il l'avait vu se faire traîner jusqu'au
beffroi ou on enfermait les prisonniers. Les cellules y étaient
froides et l'on y mourait de faim. Arrêter pour un vol, avoir la
main tranchée alors que l'on est qu'un enfant. Cette idée lui
faisait peur.
Le jeune homme aux cheveux d'un
noire intense se redressa sur son lit et songea que l'enfant lui
rappelait son passé. Pourquoi lui avait il réussis à s'en sortir
et ce jeune garçon ne le pourrait pas. Jean se leva et alla se
regarder dans le grand miroir dressé dans sa toute petite chambre.
Il devenait un homme et cela faisait quelques mois qu'il s'était
enrôler comme garde de la cité. Finis la misère pour lui, il avait
désormais plusieurs repas par jour, une petite chambre meublée d'un
lit, d'une table et d'une chaise ainsi que d'un grand miroir. Un
représentant de l'ordre de la riche ville se devait d'être toujours
présentable, d'ailleurs l'uniforme lui permettait de faire craquer
bon nombre de jeune damoiselles Mais cette nuit, la seule chose qui
lui importait c'était cet enfant. Avoir la main tranchées à un si
jeune âge et à quelques jours de noël, cela s’insupportait.
Il revêtu son bel uniforme,
histoire de passer inaperçu et de rentrer facilement dans la prison.
Pour braver le froid il y ajouta une cape noire qui lui permettrait
de disparaître dans le noir le moment venu. Le jeune homme ne pris
pas sa lance trop voyante et se contenta de son épée qu'il
dissimula sous sa cape. L'adolescent espérait ne pas s'en servir
contre ses camarades car il les appréciait beaucoup, mais surtout,
qu'il était bien moins expérimenté qu'eux en raison de son jeune
âge. Il regarda son foyer et ce dit pour se rassurer qu'une vie
valait bien mieux que tout ça.
Jean sortit de sa chambre pour la
dernière fois et se mis en route pour le beffroi. Il y arriva
rapidement, sans croiser aucun soldat. En cette période de fête
enneigée, nul ne faisait la guerre et la cité était beaucoup moins
surveillée qu'en temps normal. Pourtant il était encore tôt et les
rues étaient encore remplies. Il faudrait juste passer entre les
rondes des rares gardes dans les rues se dit- il. Il entra dans la
grande tour qui dominait la ville et, comme il se l'imaginait, le
gardien était déjà assoupis, une bouteille de vin vide devant lui.
Le jeune homme s'empara des clefs et descendit l'escalier jusqu'au
sous sol et ouvrit la cellule de l'enfant. Celui ci tenta de
s'échapper à ce garde qui se tenait devant lui mais le soldat l'en
empêcha. Il s’accroupit à sa hauteur et, les yeux dans les yeux,
lui dit :
- Ne craint rien je vais te faire sortir d'ici.
Il pris l'enfant par le bras et
l'emmena à l'extérieur où ils se fondirent dans l'obscurité, les
rues étaient presque vides désormais. Ils n'avaient fait que cent
mètres que Jean tourna les talons, retenant l'enfant par le bras. Le
jeune homme jeta un regard sur la grande horloge de l’hôtel de
ville. Les portes de la citée allait se fermer dans dix minutes. Il
fallait faire vite ! Ils repartirent en pressant le pas au
maximum, essayant d'être le plus rapide possible, mais aussi
discrètement qu'ils le pouvaient, quant tout à coup, les cloches du
poste de garde adjacent au beffroi se mirent à résonner.
Jean savait désormais que
l'enfant s'était évadé et les rues presque désertes seraient
bientôt remplis de soldats à leurs recherche. Il ne leurs restait
plus que cinq-cents mètres à parcourir, mais le jeune homme préféra
faire un léger détour par les petites ruelles sombres, gage de
discrétion.
Ils arrivèrent enfin à la
porte, et attendirent quelques secondes devant elle, pour s'assurer
que personnes ne les verraient s'échapper. Dans cinq minute elle
serait fermée. Un garde accouru pour dit quelques mots à ceux qui
surveillaient l'entrée et repartit aussi vite. Les deux soldats
chargés de surveiller l'entrée s'éclipsèrent. Jean eu un moment
de doute mais les portes se mirent à bouger. S'ils n'y allaient pas
maintenant les deux compères seraient prisonniers dans la ville. Ils
s'élancèrent et les passèrent quelques instants avant l'instant
fatidique.
En moins d'une seconde Jean et
Henry se retrouvèrent à terre, venant de heurter quelque chose.
Sonné, le jeune entendit la voix d'un vieil homme s'exclamer :
- Grand père ! Répondit l'enfant à moitié en pleurs.
Jean sentit son cœur se serrer
en entendant cette scène, il était à la fois heureux et triste. Il
essaya de se relever quand tout à coup il sentit des bras se
refermer sur lui.
- Tobias ?! Répondit il se sentant comme dans un rêve.
- Oui c'est moi !
- Je croyais que tu étais mort ?! Dit il alors qu'une larme venait de perler au coin de son œil gauche.
- Non je suis bien là.
Tobias aida son frère à se
relever et l'enlaça. Cela faisait tellement d'années qu'ils ne
s'étaient pas vu. L'étreinte dura bien quelques minutes et tous
deux pleurèrent en silence, pensant qu'ils devaient se montrer fort
lors de ces retrouvailles. En effet, ils avaient bien grandit.
Les deux frères se retournèrent
vers lui un peu surpris par cette question qui venait perturber leurs
retrouvailles. Jean découvrait pour la première fois ce vieil homme
énigmatique auquel Henry s'accrochait comme si sa vie en dépendait.
- Vous n'avez cas venir avec nous. Si nous partons maintenant, nous y serons pour le réveillon et mon épouse aura fait un souper digne des rois.
Les deux frères acquiescèrent,
et la compagnie repris la route à contre sens. Tobias avait tout
laissé pour retrouver son frère et cette année Noël lui offrit le
plus beau des cadeaux, un frère, un nouvel ami et un toit pour les
fêtes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire