Le lendemain matin, il entendit
ses parents se préparer et quitter la maison et, constatant qu’il était à peine
huit heures passées, s’accorda en souriant quelques heures de sommeil
supplémentaire. C’était cela aussi la joie d’être en vacances, on pouvait se
coucher à l’heure que l’on voulait et, surtout, se lever quand on le
souhaitait. C’était le paradis !
- Allez gamin, on se lève !! Tonitrua une voix en ouvrant
brusquement la porte de sa chambre.
La lumière fut allumée et Samuel
grogna avec colère, désespéré que l’on brise son repos des vacances.
- Debout ! Debout ! Debout !
Voyant qu’il ne se levait pas, son
grand père secoua le lit et le jeune homme fut bien forcé de se lever. Diable
il était agité ! Avait-il vraiment besoin d’être en maison de retraite
avec toute la force qu’il dégageait ?! Samuel ouvrit les yeux en
grommelant et resta les yeux ronds devant son grand-père qui lui souriait
machiavéliquement.
- Mais qu’est-ce que tu as sur la tête ?!
- Ca se voit pas ? Aujourd’hui je suis le Père Noël !
Samuel hésita un moment, fallait-il
rire ou pleurer. Si le chapeau rouge et le pompon blanc étaient bien présents
sur sa tête, la barbe était quelque peu… étonnante.
- Et pourquoi tu t’es scotché du papier toilette sur les joues ?
- La barbe pardi ! La barbe !
- Heu…
- Toi mets ça !
Son grand-père lui posa sur la tête
un immonde couvre chef peinturluré de vert et visiblement fait en carton.
- Tu es le lutin du père Noël aujourd’hui ! Et nous avons des tas
de chose à faire.
Quoi ?! Samuel observait son
grand père avec les yeux écarquillés, se demandant s’il ne s’agissait pas d’une
blague ou s’il était sérieux. Ce dernier fronça les sourcils.
- Allez, habille-toi gamin ! On n’a pas que ça à faire !
- Mais…
Son grand-père ouvrit les tiroirs
et lui balança un caleçon à la figure tout en lui demandant s’il n’avait pas
des vêtements verts pour l’assortir avec son chapeau.
- Cette tenue fera parfaitement l’affaire !
- Grand-père, c’est un pyjama !
- On s’en fout ! Mets-le.
- Non !
Son grand-père lui lança ce regard
effrayant dont il avait le secret.
- Si tu ne le mets pas, je raconterai plein de choses à tes parents.
Samuel sentit son estomac se
tordre.
- Quoi comme choses ?
- Du genre « Mon indigne de
petit fils m’a laissé seul à la maison toute la journée pour aller jouer avec
ses copains ».
- Mais… mais c’est faux !
- Evidemment, j’ai jamais dit que ce serait la vérité. Et à ton avis,
qui tes parents vont-ils croire ?
Le vieux était décidemment fourbe. Samuel
grinça des dents en observant les bandelettes de PQ qui descendaient en cascade
sur le menton de son grand-père. Il allait se laisser guider sa conduite par ce
vieux gâteux ! Il attrapa le pyjama et l’enfila, non sans jeter un regard
haineux à son grand-père que la situation semblait amuser de plus en plus.
Lorsqu’il
fut prêt, son grand-père l’entraîna dans l’entrée et attrapa leur manteau.
- Heu, qu’est-ce qu’on fait là ?
- On sort, et couvre toi parce qu’il fait
froid dehors.
Sortir ? Dans cet
accoutrement ?! Mais il n’en était pas question ! Lorsque Samuel fit
part de ses sentiments, son grand-père lui fit les grands yeux et, voyant que
cela n’avait pas d’effet sur son petit fils, employa une nouvelle fois sa
menace. Cette fois-ci encore, Samuel n’eut pas d’autres choix que d’obéir. Lorsqu’ils
ouvrirent la porte, un froid glacial vint leur lécher les joues et Samuel regretta
de ne pas pouvoir enfilé son bonnet, au lieu de cela il portait cet immonde
chapeau de lutin improvisé ! Son grand-père lui tira la manche et lui
montra du doigt un vieux skate board stationné près du garage.
- Heu… pourquoi as-tu sorti mon skate board ? Demanda Samuel.
- Ceci sera notre traîneau !
En effet, le jeune homme remarqua
les grelots que son grand père avait accrochés dessus ainsi qu’une corde à
l’avant. Il grimaça en constatant que le vieux ne faisait pas les choses à moitié…
- Et pour le tirer, j’aimerais que tu ailles me chercher cet
animal !
Samuel suivit des yeux la direction
que son grand-père pointait et frémit en remarquant qu’il parlait du chien
bouvier bernois des voisins.
- Mais t’es cinglé ?! On ne va pas prendre le chien des voisins
pour tirer ce train… heu, truc !
- Bah, si on l’emprunte pour quelques heures, ils ne remarqueront rien.
On le ramène en disant qu’on l’a retrouvé un pâté de maison plus loin.
Pas de doute, le vieux était
dérangé ! Samuel se dit alors que la vieillesse était décidemment une bien
triste chose… faire perdre la tête ainsi, quelle horreur ! Il espérait ne
jamais terminer de cette façon.
- Aïe ! S’écria Samuel après que son grand-père l’eut frappé à la
tête.
- Arrêtes de rêvasser et va me chercher ce chien !
- Mais ça ne va pas, je ne vais pas le voler ! S’il y a un problème
après, je suis sûr que tu vas le retourner contre moi !
Leurs regards s’affrontèrent un
long moment, mais cette fois-ci Samuel était déterminé à ne pas céder. Son
grand-père avait vraisemblablement décidé de le tourner en ridicule, il était
hors de question qu’il se laisse faire !
- Bon très bien…
Le jeune homme écarquilla les yeux
en voyant que le vieux abandonnait si vite.
- C’est toi qui vas tirer le traîneau alors !
- Je ne tirerai pas cette saleté de traîneau ! Si tu veux te
tourner en ridicule, fais-le tout seul ! Tu es vieux et t’as rien à
perdre, moi je suis jeune et j’ai encore toute ma vie devant moi, j’ai donc une
réputation à sauver si je ne veux pas passer mon existence dans la solitude la
plus totale !
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