vendredi 21 décembre 2012

Récit de Noël : "La Fête des Fous"


L’air frais emplissait ses poumons tandis qu’il parcourait lentement le petit sentier qui le mènerait jusqu’au Saint Graal. Encore quelques mètres, plus que quelques mètres. Il avait déjà sortit son appareil photo et un sourire se dessinait sur ses lèvres. De la fumée froide sortait de sa bouche à chaque fois qu’il expirait et, de sa main gantée, il remonta son écharpe noire sur son menton. La brise glacée secoua une branche au dessus de lui et une pluie de neige s’abattit sur sa tête qu’il avait malheureusement oublié de protéger du bonnet en laine que sa mère lui avait pourtant ordonné de prendre. C’est ça la vie d’aventurier, se dit-il en secouant ses cheveux couverts de flocons. Il adorait sentir le craquement de la neige sous ses lourdes semelles et il se félicita d’être parti en expédition malgré la neige, le spectacle n’en serait que plus époustouflant.


- Enfin te voilà mon beau ! S’exclama-t-il lorsqu’il fut enfin arrivé à destination.

Il dégaina son attirail et, ni une ni deux, commença à prendre des centaines de clichés des magnifiques ruines enneigées de ce château médiéval qui se cachait dans les montagnes. Il ne restait plus qu’un morceau de façade et le bas de la tour, mais cela consistait déjà pour lui un véritable trésor. Après plusieurs minutes où il fit le tour de la bâtisse, il alla s’asseoir sur un rocher pour admirer le paysage, repu de savoirs et de connaissances. Qu’il était bon d’admirer les paysages enneigés à côté d’un mystérieux monument historique. Il ferma les yeux pour profiter des sons autour de lui et son corps entier frissonna. Dans à peine quelques jours, ce serait Noël. Noël, une fête qui avait traversé des siècles et des siècles d’histoires et qui était toujours restée extrêmement joyeuses. Comment était-ce Noël au Moyen Age ? Décorait-on les maisons d’un tas de breloques comme on le fait à présent ? Mangeait-on bien gras pour célébrer la naissance du Christ ? Une nouvelle fois, il ferma les yeux et tenta de revenir des siècles et des siècles en arrière, cherchant à deviner comment Noël se fêtait au milieu de ses forêts à l’époque médiévale…

"Gentils pasteurs, qui veillez en la prée,
Abandonnez tout amour terrien,
Jésus est né et vous craignez de rien,
Chantez Noël de jour et de vesprée."
Jean Daniel, XVe siècle

La fête la plus joyeuse se prépare et chaque maison, de la plus riche à la plus pauvre, se décore de houx et de verdure tandis que leurs propriétaires étalent avec fierté leurs habits neufs expressément sortis pour l’occasion. On reconstitue la crèche et, surtout, on se prépare à la Fête des « Fous ». Les habitants frissonnent de joie en pensant à la journée qui les attend. Une journée folle pour les fous où la folie vous guette à tout moment. Les festivités commencent, les rues se noircissent de monde et commencent à éclater les rires et s’entonner les chants. Là-bas, une femme vêtue de chausses se fait passer pour un homme, l’élève se fait passer pour le maître et on danse d’une manière folle. Dans les Eglises commencent les parodies liturgiques où est élu le roi des fous, les sermons sont joyeux et baragouinés dans un latin qui fait rire. Les ecclésiastiques se comportent comme des laïcs, cela semble vulgaire, mais c’est Noël, on s’amuse, on rit. On chante des chansons obscènes, on charrie dans les rues, les prêtres prennent des poses lascives et suggestives et il arrive que, de temps en temps, certains d’entre eux finissent leur nuit en compagnie d’une charmante créature aux courbes voluptueuses. Le soir du 25 décembre, on célèbre la messe qui est suivie de nombreuses réjouissances : on joue à des jeux de hasard et de chance, on chante, on danse, et on bavarde devant un copieux repas.

Impossible alors de ne pas rire en songeant à ce spectacle amusant et qui semblerait bien être le témoignage de ces nombreux paradoxes que l’on retrouve à l’époque médiévale avec, d’un côté, la vision d’une époque rimant avec noirceur, rigueur et obligations religieuses, et, de l’autre, cette image si gaie, si amusante et si impressionnante qui nous fait tomber follement amoureux des histoires de cette époque où ces personnages haut en couleurs savaient vraiment s’amuser. A la fin de ce récit il n’y a donc qu’une seule chose à dire : vivement Noël ! Et, cette année, espérons que la couronne du roi des fous ne tombera pas sur notre tête.

                                                                                                 Coralie Martin

jeudi 1 novembre 2012

Le Haut-Koenigsbourg vu du ciel



 Au début XIIe siècle, le duc de souabe Frédéric le Borgne de Hohenstaufen se lance dans une campagne guerrière ayant pour but de ramener l'ordre dans la région trouble du royaume de Germanie, l'Alsace. En effet, la guerre fait rage entre les partisans de l'empereur comme les Hohenstaufen et ceux du pape comme la grande famille comtale alsacienne de l'époque, les Dabo-Eguisheim.  C'est sur les ruines d'un de leurs châteaux que durant la campagne, est bâtit une forteresse autour de laqelle se développe la ville d'Haguenau. Mais la réalisation la plus notable du duc, fut le château du Haut-Koenigsbourg, construit illégalement sur un emplacement stratégique au cœur de l'Alsace et des territoires de la famille comtale. Le château conserve un atout majeur, il n'est pas une résidence seigneurial, ni même le chef lieu d'une seigneurie, bien qu'il fait partie des biens familiaux des Hohenstaufen, qui accèdereront à la dignité impérial.

Le château est mentionné pour la première fois en 1147 sous le nom de "castrum Estufin". Le nom de Koenigsbourg n'apparaitra que 50 ans plus tard.

L'extinction des Hohenstaufen en 1254, fait perdre en importance stratégique le chateau. Concurrencé par des forteresse plus moderne comme l'Ortenbourg tout proche et construit en 1262, le château connait également des problèmes de succession. Le château devient une copropriété entre les barons de Rathsamhausen qui ont hérité d'une grande partie des biens alsaciens de la famille impérial, et les comtes de Werde qui en inféode les Hohenstein. Les bâtiments ne sont plus entretenue et le château se délabre.

En 1450, les Lützelstein qui ont perdu la Petite-Pierre se réfugie dans la forteresse avec leurs partisans pour fuir l’électeur palatin. Ce dernier assiège et prend la place forte 4 ans plus tard. Le château devient alors un nid à brigands qui rançonnent les voyageurs. C'est pourquoi en 1462 une cohalision menée par les villes de Bâle et de Strasbourg et comprenant la ville de Colmar, l'archiduc d'Autriche, le comte de Ribeaupierre ainsi que l'évêque de Strasbourg assiège puis détruise le château.

En 1479, l'empereur Frédéric III, inféode la ruine au Tierstein pour les récompenser de la guerre qu'ils ont mené contre la Bourgogne. Ces derniers doivent reconstruire le château afin de matérialiser la frontière ouest des Habsbourg. Mais les Tierstein voient également le fait de montrer leurs réussite et se lancent dans la modernisation de la forteresse. Le donjon est rabaissé et deux puissantes tours d'artillerie sont construites. En 1516 des opérations guerrière dans la région menace le château et les Tierstein rendent la forteresse aux Habsbourg. Mais le château perd en importance, la maison d'Autriche n'investit plus dedans sans pour autant le délaisser. Elle le maintiens en état et continue d'y stocker armes et nourritures permettant de tenir un siège éventuel.

La menace Française commence à planer sur l'Alsace, et les Habsbourg décident de fortifier leurs possessions alsaciennes. C'est dans cette optique que le château est une nouvelle fois modernisé entre 1560 et 1570. Mais en 1633, les Suédois assiègent la forteresse. Celle ci résiste 52 jours avant qu'un incendie ne se déclare et provoque l'abandon total du site. Quand la France finis par envahir l'Alsace, la ruine a déjà perdu toute importance stratégique.




vendredi 26 octobre 2012

Kahn


Un mois de travail acharné en groupe pour analyser la maison Fisher de l'architecte Louis Kahn, l'un des plus grands architectes américains. Le groupe est formé de Maëliss B, Anaïs D, Kim-Jennifer R, Monika R, Mathilde T et moi même.

L'architecte à la recherche de la perfection à travers ce qu'il appelle l' "idéalité formelle", a également exprimé à travers son œuvre la notion d'espace servant et d'espace servis. Cette notion parfois adopté par d'autres après lui, a été créé par Kahn suite à la visite des châteaux écossais en 1961.Voici ce qu'il déduit de ces forteresses :

"Les murs du château ne peuvent être assez épais pour satisfaire le sérieux de la défense. La salle – à l’intérieur – témoigne de la confiance en une vrai liberté du fait de cette sécurité. Les besoins de lumière à l’intérieur, les nécessités d’une salle de service, d’une cuisine, d’un lieu hors du hall central, justifient franchement la création d’espaces à l’intérieur des murs, placés de façon à ce qu’on garde ce sentiment de sécurité. Cela, c’est le pragmatisme et c’est aussi l’humanité du château."
-Louis Kahn- "Silence et Lumière"


mercredi 26 septembre 2012

Merci !


Bonjour à tous, hier, ça faisait deux mois que j'ai créé ce blog et je tenais à vous remercier de votre soutiens. Le blog totalise déjà plus de 800 vues et la page facebook du blog enregistre déjà 35 membres. Un grand merci à vous tous.

N'oubliez pas de laisser une trace de votre passage et de vos impressions en commentant les articles. Si vous avez envie d'en savoir plus sur l'histoire de l'Alsace ou de ces châteaux forts, ou si vous avez des suggestions d'articles, vous pouvez me contacter sur mon adresse mail ou sur la page facebook du blog : ( http://www.facebook.com/MedievAlsace?ref=hl ).

Dans les prochains temps je risque d'avoir moins de temps pour rédiger des articles puisque mes cours reprennent lundi. Mais je ferai mon maximum pour continuer d’alimenter MédiévAlsace. D'ailleurs ma tête bouillonne de projets qui j'espère vous plairons.

Merci à tous pour votre soutiens, Thomas.




jeudi 20 septembre 2012

Eguisheim : Le château



Le château citadin d'Eguisheim date du XIIIe siècle et de la guerre dévastatrice que ce livrèrent une grande partie de la noblesse de l'époque pour hériter d'un morceau du vaste territoire que possédait la puissante famille des Dabo-Eguisheim, à savoir les comtés d'Eguisheim, de Nordgau, de Dabo, de Metz, de Hombourg et de Moha. Mais un château plus ancien existait déjà à cet emplacement.

En 720, le comte du Sundgau, Eberhardt, petit fils du duc d'Alsace Etichon, fait construire sa demeure à l'emplacement du château actuel. Un château en bois (la pierre n'étant pas utilisé avant la fin du Xe siècle) d'où il exerce son autorité. Rapidement un village se développe autour du château. Néanmoins le village connait son heure de gloire au XIe siècle. A cette époque Hugues IV descendant d'Etichon et fils d'Hugues II comte de Nordgau, est alors comte d'Eguisheim. Sa famille est alors l'une des plus puissante du Saint-Empire-Romain-Germanique tout en étant apparentée avec les capétiens et l'empereur lui même. Hugues IV se mari avec Heilwige de Dabo, fondant ainsi la prestigieuse lignée des comtes de Dabo-Eguisheim. De cette union naquit 9 enfants dont Bruno qui deviendra le pape Leon IX. Son lieu naissance serait le château d'Eguisheim ou du Haut-Eguisheim alors en construction. Mais les heures alsaciennes de la famille sont comptées, et en 1080 elle délaisse ses terres en Alsace pour s'installer à Dabo.

En 1225 s’éteint la dernière héritière de la lignée. Son mari veut hériter, ce qui lui permettrai de devenir le seigneur le plus puissant de tout le bassin du Rhin. Mais l'évêque de Strasbourg, qui était allié au dernier comte contre les Hohenstaufen, rachète les pars d'héritage de certains membres de la famille. Dans le camp adverse, les Ferrette soutenu par les Hohenstaufen se présentent comme les parents les plus directe des Dabo-Eguisheim. Une immense guerre de succession commence, et c'est durant cette guerre que le château citadin est reconstruit en pierre, selon la mode des châteaux impériaux de l'époque, avec une enceinte polygonal.

En 1251, l'évêque hérite finalement et conservera le village et le château jusqu'à la révolution. Au XIXe siècle, le château redevient propriété de l'évêché et d'importants travaux y sont réalisés. On rase le donjon pour y construire une chapelle dédiée à Léon IX dans un style néo-roman s'inspirant pourtant des construction byzantine. L'intérieur du logis est également restauré.


Quelques photos du Haut-Eguisheim pour le plaisir :

Le Weckmund
Le Wahlenbourg
Le Dagsbourg

mercredi 19 septembre 2012

Eguisheim : L'un des plus beaux villages de France


Aujourd'hui, je vais vous présenter un petit village au riche patrimoine historique. Personnellement, le village est le plus bel endroit que je connaisse et sans doute le plus beau village de France. En effet il est classé parmi la prestigieuse liste des plus beaux villages de France en plus d'avoir la note maximal des villes et villages fleuris.

 C'est sur le territoire de la commune que fut introduit par les Romains la culture de la vigne en Alsace. C'est également là que décida de s'installer au VIIIe siècle le comte Eberhardt, petit-fils du célèbre duc d'Alsace Etichon, père de Sainte Odile. Il fit édifier un château de bois, à l'emplacement où se trouve l'actuel château citadin. Un village se forme rapidement autour de ce château primitif et de nombreuses cours dimières sont fondées. Le village devient le chef lieu du comté éponyme et restera propriété de la famille comtale jusqu'à son extinction 500 ans plus tard en 1225. Suite à une longue querelle de succession, le village passe sous l'influence de l'évêque de Strasbourg jusqu'à la révolution. A la fin du XIIIe siècle la commune est assiégée par l'armé de l'empereur, mais les villageois repoussent glorieusement l'assaut. Suite à cela, l'évêque dotera le village de deux murs d'enceintes ce qui ne l’empêcha pas d'être pillé par les Armagnacs, les Anglais et les Suédois.

La caractéristique de ce village réside dans l’intervalle de 30 m entre ses deux murs d'enceintes. En effet les deux murs, qui datent du XIIIe siècle, sont construits de façon circulaire autour des habitations et cours déjà existantes. Mais le développement des armes à feu dans les siècles qui suivirent, le rende désuet. Si bien qu'au XVIe siècle, on autorise enfin la population à s'y installer. A la condition qu'elle construise ses habitations contre le mur d'enceinte extérieur. Néanmoins entre les habitations et le mur intérieur, les habitants ont construit leurs granges. De nos jours ces deux ruelles qui font le tour de la vieille ville donnent à Eguisheim son caractère si unique, si pittoresque.











vendredi 14 septembre 2012

Le château de Kaysersberg



Un château impérial :

Le château construit en quelques mois en 1227 par le représentant de l'empereur Frédéric II, Woelfelin de Haguenau, est bâtit sur l'emplacement d'une forteresse du XIIe, copropriété des seigneurs de Horbourg et de Ribeaupierre. A l'époque il est le principale point d'encrage des Hohenstaufen en Alsace centrale avec le Haut-Koenigsbourg, bien que ce dernier perd de plus en plus en puissance du fait de la construction massive de châteaux plus moderne et plus accessible. Le château se trouve sur un emplacement stratégique, permettant le contrôle du passage vers la Lorraine par le col du Bonhomme.

Il est assiégé en 1248 par le duc de Lorraine, en 1261 par l’évêque de Strasbourg et sera pris en 1263 par Rodolphe de Habsbourg. Ce dernier a construit l'année précédente le château de l'Ortenbourg, la meilleure construction militaire de la vallée du Rhin à l'époque. Rodolphe de Habsbourg entreprend d'important travaux comme la construction d'une chemise pour renforcer le donjon.

Son successeur Rodolphe de Nassau ne voit pas d'atout politique dans cette forteresse. Il offre en 1293 des droits à Kaysersberg qui devient alors ville impérial. Le château demeure bailliage impérial pour plusieurs siècles. En 1354 l’empereur Charles IV y séjourne. Cette même année, la ville participe à la fondation de la décapole. Le château devient alors la résidence des reichsvogt de Kaysersberg, Munster et Turckheim.

L'état de la forteresse se dégrade rapidement ce qui ne l'empêche pas d'être adaptée aux armes à feu durant le XVe siècle. Malgré la modernisation, la place capitule en 1525 devant l’insurrection des paysans. 1573 marque la fin du bailliage impérial de Kaysersberg, ce dernier est vendu au Lazard de Schwendi. Mais le château qui continue à se délabrer, est laissé à l'abandon. Il est détruit et incendié en 1632 par les Suédois.

Analyse :

On accède au château par une porte en plein cintre. Non loin de celle ci, ce trouve une très belle canonnière en forme de croix, vestige des transformations apporté au château aux XVe siècle. Ce percement permettait l'utilisation d'armes à feu mais également d'arcs et d’arbalètes. Le mur du logis présente deux belles fenêtres surmontées de linteaux en pierre mais également une meurtrière, ainsi que de nombreux corbeaux.

Mais l'intérêt majeur de la place fortifiée reste bien évidement le puissant donjon cylindrique. Il fait partie des premiers donjons de ce type dans la vallée du Rhin avec le château du Pfligsbourg. Ce dernier est construit une décennie avant par le même bâtisseur. Les donjons rond sont plus résistant que les donjons carré et s'inspire des donjons Normand de Sicile où combattaient les armées des Hohenstaufen. L'intérieur du donjon est éclairé par une unique fente de lumière et une porte situé à mi-hauteur. Cette porte etait surement l'entrée à la puissante tour du fait qu'à l'époque elle ne s'effectuait jamais au pied du donjon. Le mur extérieur du donjon présente encore des traces d'incendie.

Le haut du donjon crénelé présente une magnifique vu sur la ville de Kaysersberg et une partie de la pleine d'Alsace. De plus chaque créneau présente une meurtrière orienté vers le bas de la tour facilitant ainsi sa défense. A noté également la présence de deux évacuation d'eau.

A savoir :

N'oubliez pas de vous promener dans la magnifique ville de Kaysersberg, l'une des villes alsacienne présentant le plus de monument historique.
Le château se trouve à 5mn à pied au dessus de la ville.


Rempart de la ville :!


Hôtel de ville renaissance

Petit défit : retrouver cette riche demeure dans la ville de Kaysersberg (Avis aux amateurs) :!

vendredi 7 septembre 2012

Le Hagueneck



Histoire :

Le château est mentionné pour la première fois en 1263. Il appartient, en temps que fief-allodial*, au ministériel, Burkhard de Hagueneck qui détient le château et le village de Wettolsheim de l’évêque de Strasbourg. Néanmoins, il semblerait que la forteresse soit construite entre 1220 et 1230, voir avants, selon certaines sources. Le château passe aux alentours de 1300 aux nobles de Laubgassen originaire de Rouffach. N'oublions pas que cette ville est la capital du Haut-Mundat, qui appartient à l'évêque. Le château est assiégé et incendié en 1304 lors d'une guerre contre les Hattstatt et les Huss. Rapidement reconstruit et agrandit, il est inféodé à de nombreuses familles nobles de la régions durant le XVe siècle. Tout d'abord les Zorn (grande famille noble de Strasbourg), suivit des Landsberg, des Ribeaupierre et enfin des Rust, qui tiennent la forteresse jusqu'en 1626. Le château sera détruit durant la guerre de 30 ans par les Suédois. La ruine passe à l'ordre de Malt, avant d'être vendu à la révolution comme bien national.

*fief-allodial : A l'époque, les terres sont soit des fiefs, soit des alleux. Un fief est une terre détenu par un vassal d'un autre seigneur en échange de service. Un alleu, est une terre appartenant à un noble voir à un roturier, mais n'étant pas dépendante d'une autre seigneurie.

Analyse :

Le petit château était composé de plusieurs enceintes dont il reste de rares traces aux Sud et à l'Est. Heureusement pour nous, le logis roman et le donjon sont très bien conservés, grâce aux restaurations et à l'entretiens qui est apporté au château. La dernière à pris fin début Juillet.

Le donjon carré de 7 m de côté a la particularité d'être plein, pour servir de bouclier à l'endroit le plus sensible. Il était sans doute crénelé. l'entrée s'effectue aux 3/4 de la hauteur par une porte en plein cintre de 75 cm de large. Elle donne dans un couloir d'environs 80 cm de large pour 1 m 90 de haut qui conduit à un escalier à vis au centre du donjon. Il faut alors monter 22 marches  de taille variable (très hautes et peux larges) pour atteindre le sommet de la tour. La présence de pierre de bossage aux angles du donjon assure la résistance de ces points fragiles.

les murs du logis avoisinent les 2 m d'épaisseur. On y accède par une porte surmonté d'un arc en plein cintre. le logis comporte deux niveaux, le premier défensif et le second résidentiel. Le logis à proprement parlé, comporte 8 percements, 4 très belles baies romanes à banquettes sous lesquelles se trouvent 4 meurtrières assurant la défense du bâtiment. A noté qu'une baie se trouve également au dessus de la porte vers le donjon. On peut également distingué l'escalier qui se trouve sur l'un des murs intérieur du logis mais également à l'intérieur du mur d'enceinte (visible lors de ascension vers le donjon).

Le château de forme rectangulaire, ne présente que peux d’intérêt militaire. Il devait surement servir de résidence seigneurial plutôt que de place forte. Ce qui pourrait expliqué le fait qu'il a souvent changé de main en subissant que très rarement des sièges. De plus si ça construction date, effectivement, des années 1230, elle interviendrait que peut de temps après la fin de la ligné des Dabo-Eguisheim, et donc en pleine guerre de succession de ces derniers. De plus le château est un fief-allodial de l'évêque de Strasbourg, l'un des prétendant à l'héritage de la puissante dynastie et qui lute contre les Ferrette pour prendre possession du Haut-Eguisheim entre 1225 et 1228 et ses deux protagonistes ne se mettrons d'accord qu'en 1251. Le château devait donc avoir un importance stratégique dans cette guerre.

A savoir :

- Le château méconnu comporte le dernier donjon accessible de ce domaine riche en forteresses (Haut-Eguisheim, Hohlandsbourg, Pfligsbourg et Hagueneck)
- La forteresse se trouve dans un vallon au dessus du village de Wettolsheim.
- Un parking se trouve à 5 mn à pied du château.

Important :

Un sentier d'une 1h conduit du Hagueneck au Haut-Eguisheim. La randonné est très belle et le Haut-Eguisheim présente de très beaux et très riches vestiges. Il serait dommage de passer à côté. (Pour plus de renseignement sur les trois châteaux que composent cette place, des articles sont à votre disposition dans les archives de Juillet 2012).








lundi 3 septembre 2012

Ferrette



Le siège d'une puissante famille comtale :

          La création de la lignée :

La dynastie des comtes de Ferrette débute avec Frédéric Ier, second fils de Thierry Ier comte de Montbéliard qui hérite de l'actuel Sundgau en 1103, et sa femme Stéphanie d'Eguisheim. Le château de Ferrette est cité pour la première fois deux ans plus tard en tant que résidence du comte, il connait de fait un développement très rapide. Néanmoins Frédéric Ier se plaisait à résider également dans le château (totalement disparue) d'Altkirch. Il crée en 1145 le couvant de Feldbach qui deviendra par la suite la nécropole des comtes. Son fils Louis premier meurt durant la troisième croisade. C'est à cette époque que Ferrette se voit fortifier.

          Meurtre et guerre de succession :

Frédéric II, réputé pour son orgueil, se lance dans la guerre de succession des comtes d'Eguisheim-Dabo en tant qu'héritier le plus directe. Cette guerre l'oppose à l'évêque de Strasbourg. Le comte fut vaincu par celui-ci en 1228 à Blodelsheim. Il est assassiné 4 ans plus tard. Son fils ainé, Louis, est accusé de parricide. Il est alors excommunié et s'enfuit en Italie où il meurt rapidement. Son frère Ulric hérite du comté et poursuit la guerre de succession des Eguisheim contre l'évêque jusqu'au traité de 1251. Le comte deviendra alors vassal de l'évêque de Strasbourg jusqu'en 1271 date à laquelle il se soumettra à celui de Bâle.

Partie troglodyte du château.
Rôle politique et extinction de la ligné :

Thibault le fils d'Ulric, également lié à de nombreuses guerre notamment contre la Lorraine préféra le château de l'Engelsbourg au dessus de Thann plutôt que celui de Ferrette. Il érige d’ailleurs Thann au rang de ville. Il devient Landvogt de Haute Alsace de 1293 à 1298. Son fils Ulric III est le dernier comte de Ferrette. A sa mort en 1324, sa fille Jeanne épouse l'archiduc Albert II le sage. Le comté qui s'étend du Jura à Thann, englobant la majorité du Sundgau, passe alors aux Habsbourg.


Des Ferrette à la destruction du château :

Le château qui servit de résidence principale à la famille comtale mais également à des dizaines de leurs chevaliers, perd en importance avec le passage aux Habsbourg. En effet il sert de résidence à un bailli ainsi qu'à une modeste garnison avant d'être livré à des seigneurs engagistes. Tout d'abord les Morimont, ancien vassaux des Ferrette, puis en 1504 les Reichenstein avant d'être engagé en 1540 aux Fugger. En 1632 les Suédois détruisent le château supérieur et occupe le château inférieur. En 1635, le château est détruit par les Français. Ne subsiste qu'un corps de logis qui sert alors de résidence au bailli. Le 30 Juillet 1789, le château est incendié. Aujourd'hui le titre de comte de Ferrette est porté par le prince de Monaco.


Cours où se trouvait le puits.
Deux châteaux au destin commun :

Le haut château de Ferrette est la résidence principale des comtes, il est campé sur un piton rocheux au Sud et est le premier à être construit. Il est composé d'un donjon d'habitation accroché au rocher, d'un vaste palais semi troglodyte, et comporte à l’extrême sud, l'approvisionnement en eau du château.On peut voir de grandes baies dans le palais et ce qui reste du donjon. Trois meurtrières sont également visible dans le palais ainsi que les traces d'attaches d'énormes poutres en bois sur le roc (partie troglodyte du château).

marches reliant le bas et le haut château.
Le bas château comporte les restes d'un donjon qui devrait daté du XIIe ou XIIIe siècle. Le château serait donc construit rapidement après son prédécesseur, sans doute comme avant poste. Le donjon est transformé en poudrière au XVIIe puis rabaissé au XVIIIe siècle. L'enceinte quand à elle a été construite bien après (1488) comme en témoigne l’absence de meurtrière et la présence de nombreuses canonnières. Le mur d'enceinte comporte également 3 tours d'angles demi-circulaire.

 Les deux châteaux ont été relié au XVIe siècle et fait très rare, l'ensemble des deux est très homogène. En réalité, il est même difficile quand on ne connait pas l'histoire, de voir qu'il s'agissait de deux châteaux.

A savoir :

- Le château est accessible à pied depuis le village de Ferrette. La marche n'est pas dure et assez rapide.
- Les canonnières des tours d'angles, offrent de très beau cadrage sur Ferrette et le Sundgau (lorsqu'elle ne cadre pas sur des arbres)
- Louis n'a jamais tué son père Frédéric II, en réalité l'assassin n'est autre qu'Ulric le frère cadet de Louis. En effet la lettre de ces aveux a été retrouvé au XIXe siècle.

Église de Feldbach.

          A voir non loin de Ferrette :

A 6 km au nord du village en direction d'Altkirch se trouve l’église de Feldbach, vestige du couvant clunisiens qui s'y trouvait. Si la très belle église date du XIIe siècle, le cloché quand à lui à été construit au XIXe ou XXe siècle.

Croquis fait rapidement pour éviter la pluie.