dimanche 1 décembre 2013

Le Château du Nideck


Historique du burg 

C’est une intense activité volcanique, qui il y a 250 million d’années forgea les éperons de rhyolite, sur lesquels coule l’une des plus célèbres cascades des Vosges. Dans ce décor au caractère si particulier naquirent  bien des passions et des légendes... Situé à près de 534 mètres d’altitude, le château du Nideck est à l’extrémité d’une crête, surplombant la vallée de la Hansel. Ce dernier, est en réalité un complexe castral en regroupant deux. Il apparaît que ces deux édifices nettement distincts, ont été construits à un siècle d’intervalle. (cf .partie architecture)

Le château du Nideck inférieur est vraisemblablement commencé dans la première moitié du XIIIe siècle. A la faveur du Grand Interrègne (1250-1273) de nombreux chantiers de châteaux sont démarrés dans le secteur par l’évêque de Strasbourg. En effet ces lieux revêtent une importance stratégique capitale (contrôle de la vallée), alors que le prélat est parti prenante dans le conflit de succession des Dabo-Eguisheim. Malgré cela la construction présente de nombreuses traces témoignant d’un arrêt brutal du chantier vers le milieu du siècle, il est à ce jour inexpliqué. Confié au landgrave de basse Alsace, ce dernier entreprend de finir le chantier et de démarrer l’édification d’un deuxième burg plus vaste  avec un logis seigneurial plus conséquent. Il choisi de le bâtir sur l’éperon rocheux voisin. Une basse cours cernée de murs reliait autrefois les deux châteaux.

Dès lors le château passe de mains en mains, de familles de sénateurs strasbourgeois.  Son coût d’entretien important et le manque d’intérêt de ces dernières familles à posséder un pareil château les conduisirent à le fractionner en multiples propriétés au XIVe siècle qu’elles vendaient au premier petit chevalier brigand venu.  Très rapidement les querelles s’enchainent entre copropriétaires, de plus des taxes sont impayées à l’évêque par un habitant dénommé Thomas Megde. Tout cela fini par lasser le prélat qui place un nouveau seigneur à la tête du château, un certain André Wyrich qui ne tarde pas à ce comporter en félon. S’alliant avec les armagnacs il s’attire les foudres de ceux qui l’on placés là. Le burg est assiégé par les Strasbourgeois en 1448. Le châtelain fait volte face, néanmoins la ville fut clémente avec lui et lui laissa le château. Son repenti de circonstance et peu sincère amena la ville à ré-assiéger le Nideck peu de temps après.

Le Nideck est ensuite la propriété de la famille de Müllenheim qui dans sa quête de contrôle du massif dans son conflit avec les Zorn accumule les forteresses et les entretiens peu.  En 1636 alors que la guerre de trente ans ravage l’Alsace, un incendie détruit les bâtiments à jamais abandonnés.

Architecture et vestiges


Observons les deux constructions, séparées d’une basse cour, l’une après l’autre. Celle du haut, présente un fossé et un mur dit ‘’ bouclier ‘’. Attenante à la tour on trouve de maigres vestiges de ce qui était autrefois le logis seigneurial. Les ruines du bas montrent un donjon carré qui protège un logis exigu. La partie basse date du milieu du XIII` siècle, alors que l'autre construction, fut édifiée début du XIVème. De bas en haut le château se divise ainsi en trois plateformes.

La première en arrivant depuis la cascade comporte le plus ancien des donjons. Ce dernier plutôt étroit (mais accessible), présente des murs épais et ne laisse subsister qu’une surface au sol d’environ 9m2. Il ne s’agissait en rien d’un lieu de vie. En observant la maçonnerie on constate des différences de taille de pierre entre le haut et le bas du donjon. En bas de belles pierres à bossages (finement taillées) en bas, alors que la partie supérieure des blocs hétéroclites grossièrement assemblés. Tout ceci semble indiquer une interruption des travaux.

La deuxième terrasse entre les deux donjons formait  une basse cour fortifiée, reliant les deux ouvrages. Le peu de vestiges dans cette partie nous empêche, de nous donner une idée de ce à quoi ressemblait le site. Au Nideck en effet, de nombreux bâtiments étaient en bois, à l’instar du logis seigneurial du bas.

 Empruntant un escalier assez raide, aménagé au XIXe siècle pour les touristes, nous arrivons sur la troisième terrasse. Le mur d’enceinte barre le socle rocheux dans le sens de sa largeur. Ici le donjon encore plus étroit que le premier. Il était partie intégrante du rempart et jouxtait le deuxième logis. Ce dernier, occupait la totalité de la haute plateforme, elle même subdivisée en deux demi niveaux.

Accès et anecdotes


Le château se situe dans la vallée de La Hansel, attenante à celle de Schirmeck. Sur la route allant d’Oberhaslach vers Wangenbourg,  un petit parking marque le début d’un sentier de 25 minutes environ. Il conduit à la cascade puis au château (attention le sentier est escarpé). Conseil si le temps le permet, y aller au début du printemps avant la feuillaison la forêt étant très touffue, vous bénéficierez ainsi d’une vue dégagée.

Le burg tient en grande partie sa renommé à un conte reprit par les frères Grimm. Il s’agit de « La fille du géant » (Rirsenfräulen) . C’est une légende moralisante visant à faire comprendre aux puissants que sans les paysans sur leurs terres, ils ne seraient rien, n’en déplaise à la princesse qui les prenait pour des jouets.   




Sources

 Les châteaux des Vosges, la région de Dabo et Nideck C.   Carmona et Guy Trendel  Ed. Pierron
http://www.commune-oberhaslach.fr/chateau_nideck.html

                                                                                                                    Tristan SIEBERT



samedi 31 août 2013

Bernstein - Ortenbourg

Ortenbourg vue depuis l'entrée.

Le Bernstein et l'Ortenberg sont deux châteaux forts aux histoires et aux ambitions très différentes mais qui présentent de fortes similarités architecturales.

Le Bernstein, important château en granite, est l'un des plus vieux château d'Alsace. Mentionné pour la première fois en 1009. Le château construit en grande partie en bois fut détruit au XIIeme siècle avant d'être reconstruit sous sa forme actuel. Il sera restauré par l'évêque de Strasbourg durant le XIIIeme siècle. Le château est à l'époque réputé pour être bien pensé d'un point de vue militaire.

Bernstein vu du côté le plus accessible.
A 1h du Bernstein à pied, ce trouve l'Ortenbourg. Ce château beaucoup plus récent fut construit par Rodolphe de Habsbourg entre 1262 et 1269 sur l'emplacement d'un château plus vétuste. L'Ortenbourg, s'inspire de son voisin le Bernstein mais en poussant beaucoup plus loin la pensé militaire de l'édifice. De fait il est réputé comme le château ayant atteint la perfection militaire dans tout le Rhin Supérieur. Néanmoins le château est assiégé en 1293, durant le conflit qui opposa les Habsbourgs à Adolphe de Nassau. Pour en venir à bout de la forteresse, les assiégeant ont du construire un château en contrebas, le Ramstein.


Les deux châteaux comportent de nombreuses similitudes. La première étant leur puissant donjon pentagonale devant protéger l'ensemble de la forteresse. Et surtout le palais ou haut château se trouvant juste derrière en enfilade. De plus pour chacun des deux, le haut-château et construit sur un rocher rendant son accès pratiquement impossible hormis par l'intérieur du château.

Ramstein vu depuis l'Ortenbourg
Néanmoins l'Ortenbourg améliore de nombreux points vis à vis du Bernstein. Premièrement, l'entrée du Bernstein se trouve du côté le plus accessible, bien que des enceintes extérieurs ont été construites au file des ans. La séquence d'entrée de l'Ortenbourg est très bien pensé. En effet, l'attaque s'effectue face au haut-château qui a été érigé sur un éperon rocheux. Pour accéder à l'entrée il faut contourné le château à l'intérieur d'un fossé passant juste en dessous du donjon et qui oblige les assaillants à rester à porter de tire. De plus le donjon est lui même protéger par un mur chemise percé d'innombrable meurtrière facilitant la défense. En outre le donjon lui même est percé de meurtrière dans l'éventualité ou les assaillant arrive à l'intérieur du château. Rappelons que le donjon du Bernstein ne possède pas de mur chemise et ne possède pratiquement pas de meurtrières.

Le Bernstein est construit entièrement en enfilade derrière le donjon. A savoir : donjon, haut château, bas château. L'Ortenbourg quant à lui reprend la même logique donjon, haut-château, mais protège le bas château derrière ces deux parties, sur le côté opposé à l'attaque. De fait les vaste bais gothique du haut-château sont toutes orientées vers le bas châteaux et non pas vers l'extérieur où se trouve bon nombres de meurtrières. Le Bernstein quant à lui oriente ses très belles bais romanes de part et d'autres du logis donc vers l'extérieur du château. Néanmoins l'immense château du Bernstein possède une enceinte extérieur protégeant le haut et bas château en intégralité.

Alors que le château du Bernstein est un vaste palais comtale puis ecclésiastique qui devait être luxueux et bien défendu et dont l'architecture accentue son caractère défensif. L'Ortenbourg quand à lui s'inspire de son voisin en approfondissant son architecture pour devenir le chef d'œuvre militaire de son époque. Il n'en faut pas moins pour contrôler d'entré de la riche vallée de Sainte Marie au Mine connue pour ses mines d'argents et ringardisé par la même occasion le Haut Koenigsbourg tout proche à la fois vétuste (construit 150ans plus tôt) et peu accessible. Mais sans le Bernstein, l'Ortenbourg n'aurait peut être jamais été le fleuron de l'architecture militaire médiévales du Rhin supérieur?
Haut-château Bernstein, vu depuis l'entrée.


Vu du côté le plus accessible - Ortenbourg
Entrée - Ortenbourg
Intérieur du logis - Ortenbourg
Ortenbourg et Haut-Koenigsbourg
Ramstein

jeudi 25 juillet 2013

Ambitions Médiévales : part. 5


  - J’espère que ce vieux Roland voit rouge ! Ricana un jour Jehan qui se félicitait de sa
vengeance.
  - Il est certainement en train de pleurnicher dans son château, ajouta Arold en s’esclaffant.
Ce bougre ne devait pas se douter que le fils bâtard d’Adrien puisse lui causer tant de tort.
Jehan se rembrunit.
  - Il n’est plus question de bâtardise, Arold. Je suis le Duc maintenant.
Arold s’empressa de répondre.
  - Pardonne-moi mon ami.
Jehan hocha la tête, signe qu’il pardonnait. Ils continuèrent de savourer leur vengeance en
compagnie des autres chevaliers, lorsque l’on annonça la mobilisation par Roland d’un bon
nombre de combattants.
  - Le sottard a donc décidé de répliquer, s’exclama Jehan que cette nouvelle excitait. A quand
la rencontre ?
  - Environ cinq jours, annonça l’un de ses alliés.
  - Qu’il vienne alors, fit le jeune Duc en souriant, ainsi ma victoire sera pleine.
  - Nous devons éviter la bataille rangée, lâcha Arold.
Jehan se tourna vers lui avec curiosité.
  - Pourquoi donc ? Son ost est-il plus grand que le mien ?
Arold fit signe que non, mais ajouta :
  - Une bataille rangée en rase campagne est beaucoup trop périlleuse.
  - Sommes-nous des hommes ou bien des chiots apeurés ? S’exclama Jehan. Nous ferons
comme il me plaira et l’idée d’une bataille rangée ne m’effraie point. Nous ne tirerons guère
de gloire à des escarmouches ou embuscades. Attaquons l’ennemi et détruisons le !
Personne ne s’opposa à sa décision, ce serait donc la technique de cavalerie montée.
A l’aube du cinquième jour, les deux armées se faisaient face. La cavalerie lança son
premier assaut contre l’ost de Roland. Les cavaliers avançaient d’abord lentement, la bannière
affichant fièrement les couleurs du duc Jehan, puis ceux-ci accélérèrent au moment d’arriver
sur l’ennemi, cherchant à disperser les chevaliers et former des groupes isolés faciles à
vaincre. Le duc s’engagea lui aussi au coeur de la bataille, tout fier qu’il était de montrer à son
armée qu’il était un meneur d’homme. Il serait un Duc combattant, l’exact opposé de ce
qu’avait été son père, ainsi que son frère qui n’avait cependant pas eu grand temps de se
forger une quelconque réputation. Hissé sur son cheval, il usait de son épée avec agilité,
faisant tomber plusieurs ennemis de leurs montures et poussant des cris de fierté à chacune de
ses victoires. Mais alors qu’il mettait en déroute un nouvel ennemi, il ne fit pas attention à
l’assaillant qui venait le prendre à revers et lui assena un coup violent dans le dos.
Complètement dérouté, il fut désarçonné de sa monture et tomba lourdement sur le sol. Il
parvint à se redresser tant bien que mal au milieu des cavalcades et des combats au sol, puis
jeta un coup d’oeil autour de lui, l’esprit encore embrumé.
  - Le Duc ! Hurla Arold, toujours sur sa monture, tandis que plusieurs bataillants se jetaient
sur Jehan après l’avoir reconnu. Protégez le Duc !
Le bâtard leva son épée et tenta de se défendre tandis que l’ennemi fonçait sur lui. Il constata
soudainement qu’il ne portait plus son heaume, sûrement était-il tombé lors de sa chute. Il
esquiva plusieurs coups successifs, grognant et grimaçant lorsqu’il recevait un coup d’estoc
sur son armure. Un allié vint se battre à ses côtés, repoussant l’un des chevaliers et le
conduisant à un combat face à face. Jehan fut soulagé de ces quelques secondes de répit que
l’arrivée du chevalier alliée provoqua, puis reprit immédiatement le combat. Ses pieds
s’enfonçaient légèrement dans la boue humide mêlée au sang et aux excréments de chevaux
qui jonchaient le sol, et il sentait ses forces s’amenuiser. La suffisance et la fierté qui l’avait
gagné jusqu’alors s’échappaient rapidement de lui afin de laisser place à une peur
envahissante. Ce pouvait-il qu’il se soit fourvoyé ? Etre lâche et inactif comme l’avait été son
père n’aurait-il pas été plus prudent afin de conserver l’héritage ? C’était en se cachant dans
ses terres et en évitant les batailles que l’on gardait la vie sauve ! Un nouveau coup d’épée lui
coupa le souffle et il tomba à genoux. Il contempla un moment ses bourreaux dont les yeux ne
laissaient voir aucune pitié ; aucune envie de le garder comme otage en échange d’une
imposante rançon. Dans le même temps, il les comprenait. Il avait saccagé leurs terres, violer
leurs femmes, estropié leurs enfants et tuer un bon nombre d’hommes. Personne dans leur
situation n’aurait pu faire preuve de clémence, lui-même ne l’aurait pu s’il avait été à leur
place avec le destin du vieux Roland entre ses mains. L’épée se leva devant lui tandis que les
échos de la bataille résonnaient toujours autour d’eux. Il ferma les yeux, songeant que son
héritage ne serait pas perdu grâce à Ariane et à leur fils. Ce petit garçon deviendrait le
nouveau duc, Arold veillerait soigneusement à ses intérêts. Jehan aurait tellement voulu
connaître le succès et rester duc encore plus longtemps que son paternel, mais le destin en
avait décidé autrement. Il n’entendit pas la lame s’abattre sur son cou, car seuls les battements
de son coeur résonnaient contre ses tympans, lui cachant alors tout autre son.
La tête de Jehan, le bâtard que l’ambition avait mené jusqu’ici, alla rouler sur le sol boueux en
clignant une dernière fois des yeux. Le corps s’affaissa et s’écroula dans une marre de sang
tandis que les ennemis retournaient au combat, personne de son ost ne semblant se rendre
compte que leur chef était mort. Le duc n’était plus.
Quelques mois plus tard, Ariane accouchait d’un bambin ressemblant étonnement à son père.
Une magnifique petite fille…

Coralie Martin

mercredi 24 juillet 2013

Ambitions Médiévales : part. 4


  - Dans un mois nous lancerons notre entreprise sur les terres de Roland, déclara Jehan à
Arold qui se tenait près de lui. Nous gagnerons enfin la justice !
Son bon ami hocha la tête.
  - Rapine, violence : tout vous sera permis !
  - Les hommes seront ravis, voilà bien longtemps qu’ils se morfondent en attendant de se
battre.
Jehan secoua la tête en soupirant.
  - Mon père était un grand homme, mais pas assez fort pour mener cette guerre. Quand à
Gaultier, c’était indéniablement un faible ! Cette femmelette n’aurait jamais su diriger
correctement le duché !
  - C’est donc une bénédiction qu’il nous ait quitté si vite, lâcha Arold en contemplant Jehan
d’un air entendu.
Le bâtard le dévisagea un moment avec indécision, se demandant si son ami avait deviné quel
rôle il avait joué dans la mort de son demi-frère. Bien que celui-ci était un véritable ami, le
meilleur qu’il ait eu d’ailleurs, Jehan avait jugé préférable de ne rien lui dire.
  - Bien, finit-il par dire sans s’attarder, mettons en place les préparatifs. Et surtout, il faut
veillez à ce que Roland ne se doute de rien.
  - Bien entendu, répondit Arold.
Jehan quitta la pièce pour se rendre auprès d’Ariane qui tissait tranquillement.
  - Bonjour ma chère, fit-il en se penchant pour lui baiser le front. Vous portez-vous bien ?
La jeune femme posa affectueusement sa main sur son ventre légèrement rebondi en lui
souriant.
  - Tout va bien, je vous remercie.
  - Espérons que notre fils sera en bonne santé ! Clama-t-il.
Puis il la fixa plus longuement.
  - Je vous trouve bien pâle, s’inquiéta-t-il, voulez-vous un verre de vin ?
Il claqua des doigts pour que le valet apporte une coupe de vin rouge.
  - C’est simplement le manque de soleil, je suis si souvent à l’intérieur ! Le rassura son
épouse.
Le verre arriva et Jehan l’attrapa, se penchant ensuite vers elle.
  - Buvez tout de même, ordonna-t-il avec douceur, mais fermeté. Cela vous redonnera des
couleurs !
Elle s’exécuta, prenant uniquement une gorgée.
  - Buvez tout Ariane, fit-il en croisant les bras.
Elle hocha la tête et s’empressa de finir le verre. Son mari n’était pas un mauvais bougre, mais
elle était assez maligne pour savoir qu’il valait mieux lui obéir.
  - Bien. Vous êtes une adorable épouse !
Il se pencha pour lui donner un baiser sur les lèvres et, après s’être agenouillé, posa lui aussi
ses main sur le ventre rond, un large sourire s’étirant sur ses lèvres. Il avait bien fait d’épouser
Ariane, celle-ci s’était révélée très fertile et il était certain que l’enfant avait été conçu le soir
même de la nuit de noce. Un fils, elle lui donnerait un fils. Voilà qui assurerait sa
descendance, lui prodiguerait encore plus de légitimité et il serait assuré de l’amour de ses
gens. Il était extrêmement satisfait de sa situation, ravi que ses plans se déroulaient comme il
le souhaitait.
  - Si je pouvais sortir un peu plus, avança Ariane en remarquant son air ravi, peut-être que
cela serait bon pour l’enfant que je porte ?
Jehan secoua la tête.
  - Non.
  - Mais le médecin a dit que je pouvais parfaitement…
  - Peu importe ce qu’a dit le médecin, s’énerva Jehan, vous portez mon enfant, mon premier
né, et je ne veux guère de problèmes pendant cette grossesse. Vous la mènerez à terme, même
si pour cela je dois vous séquestrez afin qu’il ne vous arrive rien de fâcheux.
Son épouse baissa les yeux.
  - Si c’est ce que souhaite monsieur mon mari, alors je ne manquerai pas de lui obéir.
Le bâtard, légèrement attendri par le regard triste de sa femme, lui caressa la joue et releva
son menton entre son pouce et son index pour la forcer à le regarder.
  - Je ne souhaite point vous accabler mon amour, fit-il doucereusement, je vous laisse donc
sortir dix minutes de plus chaque jour. Cela vous convient-il ?
  - Parfaitement, je vous remercie.
  - Alors c’est entendu ! A présent, chère épouse, je retourne à mes affaires de Duc.
Il s’éloigna d’un pas joyeux.
Le mois défila à toute vitesse et son ost fut bientôt entièrement réuni, gonflée par les forces de
la parenté et des alliés, dont les solidarités se substituaient à l’autorité publique. A sa tête,
Jehan avait fière allure dans son armure étincelante, sa bannière tenue par un cavalier à ses
côtés. Ils ne mirent guère longtemps à arriver sur le territoire de Roland et se livrèrent au
brigandage, viols et autres méfaits. Les nobles prenant grand plaisir à terroriser la populace
par des chevauchés et des razzias dévastatrices, rappelant aux paysans la domination qu’ils
exerçaient sur eux.

Coralie Martin

vendredi 19 juillet 2013

Ambitions Médiévales : part. 3


  - Il me faut prendre épouse.
Arold cracha la moitié de son verre de vin.
  - Une épouse ?! S’étrangla-t-il tandis que des gouttes de boisson parsemaient son menton.
Jehan hocha la tête.
  - A présent que je suis à la tête du fief de mon père et que nul héritier n’est vivant pour me
succéder, je crois qu’il serait sage que je trouve une femme légitime à engrosser.
  - Toi avec une épouse ? Tu avais pourtant dis…
  - Ce que j’ai dit, le coupa Jehan, ne vaut plus rien à présent. Je ne suis plus simplement le
bâtard à présent, et mon nouveau titre implique de nouvelles obligations. Le duc se doit
d’avoir un héritier.
Arold hocha la tête.
  - As-tu quelqu’un en tête ? Peut-être la veuve de ton père, elle est encore…
  - Je ne veux pas de Margault.
  - Mais c’est la…
Jehan leva les mains devant lui, obligeant Arold à garder le silence.
  - Arold, Arold, soupira-t-il. Tu me connais depuis longtemps, crois-tu vraiment que
Margault soit à la hauteur de mes ambitions. Celle que je veux, c’est Ariane.
Un court silence s’abattit.
  - La fille du Nord ! Souffla Arold qui n’en revenait pas. Mais Jehan, elle n’acceptera…
  - Je n’ai cure de ce qu’elle pense ! C’est elle que je veux, alors fait en sorte que je l’obtienne.
Une demande fut immédiatement envoyée et Jehan préparait déjà ces grands projets. Obtenir
l’amitié de ces provinces du nord par son union avec Mathilde lui apporterait nombreuses
satisfactions. D’abord, il serait plus riche et plus puissant, ensuite, il serait capable d’obtenir
un ost important et mener sa guerre privée vengeresse contre l’ennemi de son père qui avait
tant de fois mené des pillages sur ses terres lorsqu’il était encore un enfant. C’était d’ailleurs
lors de l’un de ces conflits de noblesse que sa mère avait trouvé la mort. Jehan trépignait de
joie à l’idée de tout ce qu’il pourrait entreprendre en tant que duc, ravi de constater qu’à
aucun moment on l’avait soupçonné de la mort tragique de Gaultier. Chacun avait accepté le
dernier héritier d’Adrien et se pliaient à ses moindres désirs. Jamais il n’avait imaginé pouvoir
atteindre réellement une telle position, même s’il en avait longuement rêvé la nuit depuis qu’il
avait atteint l’âge d’homme. La réponse du nord ne mit guère longtemps à venir et Jehan
explosa dans une colère noire.
  - Elle a dit quoi !?! Rugit-il lorsqu’on lui apprit la nouvelle.
  - Elle refuse d’épouser un bâtard et ne s’abaissera pas à une telle humiliation.
Jehan attrapa son verre et le jeta avec rage contre le messager qui tremblait de peur.
  - Elle me refuse ! Et son père que dit-il ?
  - Il était prêt à accepter, mais il ne souhaite pas aller à l’encontre du souhait de son unique
enfant. Ariane est assez convoitée et peut aisément faire un beau mariage.
Le jeune duc garda le silence afin de réfléchir. Le père était donc d’accord, il restait juste à
convaincre la jeune femme.
  - Cette puterelle ne s’en sortira pas comme cela ! Maugréa-t-il. Préparez-vous, nous partons
vers le nord !
Nombreux furent ceux qui tentèrent de l’éloigner de cette folie. Il pouvait aussi bien épouser
Margault, mais Jehan refusait d’écouter. C’était Ariane qu’il voulait et on ne le refusait pas si
facilement. Il lui montrerait que l’épouser n’était point une humiliation et que, au contraire,
elle gagnerait un homme fort et de grand intérêt. Ils arrivèrent dans les contrées du nord au
bout de plusieurs jours et c’est avec empressement que Jehan se rendit auprès du père
d’Ariane.
  - Jeune duc, quel plaisir de vous accueillir chez nous ?
  - Plus tard. Où est donc votre fille ?
Le comte chancela sous le regard froid du bâtard.
  - En promenade dans les jardins.
  - Vous allez autorisez notre mariage vieil homme, souffla le duc, sinon je réduis tout vos
biens en cendre.
  - Certes… Bien entendu.
  - Je suis ravie de l’entendre.
Il abandonna alors le comte pour se rendre dans les jardins où Ariane se baladait
tranquillement avec son chaperon. La jeune femme sursauta en le voyant se positionner
devant elle et le contempla avec appréhension.
  - Bonjour future épouse, fit-il d’une voix caressante. Vous êtes encore plus belle que je ne le
pensais !
Elle le toisa de haut en bas. Elle était vraiment de toute beauté ! Vêtue d’une robe attrayante,
ses cheveux brun foncés enfermés dans une crépine d’or et ses grands yeux noirs qui le
dévisageaient ; elle ne le laissait guère indifférente.
  - Qui êtes vous ?
  - Le Duc Jehan, répondit le bâtard avec délectation, votre serviteur et futur époux !
Le visage d’Ariane perdit de sa superbe.
  - Futur époux, s’indigna-t-elle, qu’est-ce que cela signifie !?
  - Votre père nous a chaleureusement donné sa bénédiction. Approchez que je vous
embrasse !
Il s’approcha d’elle en tendant les mains.
  - Ne me touchez pas ! S’exclama Ariane en reculant d’un pas.
  - Allons, allons !
Il l’attrapa, mais Ariane, en se débattant, lui fit perdre l’équilibre si bien qu’ils tombèrent
tous deux à la renverse. Un bruit sonore de tissu que l’on déchire résonna et ils se
retrouvèrent à terre, lui allongé sur elle. Ils se contemplèrent un moment en silence, yeux
dans les yeux.
  - Sale brute, vous avez déchiré ma robe !
Il se redressa pour contempler les dégâts, la mine contrite.
  - Navré, je ne souhaitais pas abîmer une si belle pièce.
Il accompagna ses paroles d’un regard plein de désir, annonçant qu’il ne parlait pas
uniquement de la robe, si bien que la jeune femme rougit.
- Si vous êtes plutôt convainquant physiquement, décréta Ariane en reniflant de dédain, il
va vous falloir revoir vos manières si vous souhaitez que je supporte un mari tel que vous.
  - Dois-je comprendre que vous m’épouserez ?
  - Ais-je le choix ? Répliqua-t-elle sèchement.
Il l’aida à se redresser et son chaperon accoura près d’elle pour l’aider à camoufler le
mauvais état de sa robe.
  - Je ne serais pas un piètre mari, affirma Jehan avec un sourire charmeur, vous ne
regretterez rien.
Ariane hocha la tête.
  - Je prie pour que vous disiez vrai ! Mais pour le moment, je suis simplement effrayée.
Elle s’éloigna alors, laissant à Jehan la joie de constater qu’il n’épouserait pas une femme
dénuée de caractère. Lui et Ariane feraient merveille ! Plusieurs semaines s’écoulèrent avant
le mariage et Jehan prit soin de se faire connaître de sa promise : l’accompagnant dans ses
promenades, s’asseyant à côté d’elle lors des repas et lui servant les meilleures pièces de
viande tout en lui comptant fleurette. Il s’acharnait à conquérir son coeur et la jeune femme
perdit bientôt toute peur, dévoilant elle aussi à son fiancé de nombreux traits de caractères
qui la rendait encore plus désirable à ses yeux. Ariane n’avait alors plus aucune crainte
d’épouser un simple bâtard et, le soir de la nuit de noce, c’est pratiquement en ronronnant
qu’elle se blottit contre son mari. Jehan avait donc un duché, une femme désirable et aimant
et, bientôt, il obtiendrait sa vengeance. Tout allait pour le mieux !

Coralie Martin

lundi 15 juillet 2013

Ambitions Médiévales Part. 2


     La fête battait son plein. Jehan se dirigea vers son père et sa nouvelle épouse,
Margault, qui recevaient les félicitations des invités.
  - Mes voeux de bonheur aux mariés, fit le bâtard au couple.
  - Te voilà Jehan, s’exclama de duc d’une voix chaleureuse tandis que son sourire accentuait
les rides autour de sa bouche et de ses yeux. Margault, n’ayez pas peur de lui ! Approchez, il
ne va pas vous mordre.
Les joues de la jeune mariée s’empourprèrent tandis qu’elle avançait timidement vers lui.
Jehan fit une courbette et loua sa beauté sous le regard amusé de son père. Margault était très
en beauté ce soir-là et, plus que jamais, la différence d’âge entre les époux était flagrante. A
côté de sa jolie jeune femme, le duc Adrien faisait peine à voir avec ses cheveux gris et son
pied légèrement boiteux. Jehan remarqua le regard intéressé de sa nouvelle belle-mère qui
aurait certainement souhaité que son nouvel époux soit aussi beau et jeune qu’il l’était, mais
sans doute apprendrait-elle à aimer son mari ou, faute de mieux, à le supporter. Il lui envoya
un nouveau sourire et elle baissa les yeux en rougissant.
  - Et où donc se trouve-t-on frère ? Demanda Adrien en contemplant la grande salle à la
recherche de son fils légitime.
Le fils bâtard haussa les épaules.
  - Il rumine certainement dans son coin.
  - Et bien il se fera une raison, répliqua le duc qui connaissait l’avis de Gaultier sur ce
mariage.
  - Certainement.
Adrien secoua la tête en soupirant.
  - Toi au moins tu ne m’as jamais causé de problème, fit-il. Si j’avais su, j’aurai fait
uniquement des bâtards !
Le vieil homme partit alors en un rire gras sous les yeux écarquillés de sa jeune épouse et sous
le regard amusé de Jehan.
  - Je vous remercie père, répondit-il à Adrien.
Puis en se tournant vers Margault :
  - Vous et moi nous entendrons à merveille, ma Dame.
Les joues de la jeune fille s’empourprèrent une nouvelle fois et elle inclina légèrement la tête.
  - Naturellement, répliqua-t-elle timidement.
Les invités finirent par s’attabler autour du banquet dans une joyeuse cacophonie et Jehan prit
place au côté de son meilleur compagnon, Arold, fils d’un seigneur voisin et qui servait au
château comme écuyer. Il remarqua en face de lui la mine sombre de Gaultier auprès de sa
très fade épouse, Clothilde, et lui fit un signe de tête auquel son frère répondit poliment.
  - Jour heureux, n’est-ce point ? Demanda Arold.
  - Plutôt heureux, je l’accorde.
  - Cela ne donne-t-il pas envie de prendre épouse ?
  - Grand dieu, non ! Un bâtard n’a nul besoin de se marier ni de faire des enfants. Non, il est
bien plus agréable de conserver une vie de célibataire. Butiner un bon nombre de fleurs sans
se faire sermonner au retour dans la ruche, voilà qui me convient parfaitement.
Il contempla avec avidité la jeune servante aux formes généreuses qui faisait office
d’échanson et passa une main habile sur ses hanches lorsqu’elle parvint à sa hauteur. La
servante ouvrit d’abord la bouche pour protester doucement, mais ses lèvres s’étirèrent
rapidement en un large sourire lorsqu’elle reconnue le bâtard aux traits délicieux. Jehan lui
rendit son sourire, se promettant de la mander pour la nuit une fois la fête achever.
  - Silence tout le monde ! S’exclama la voix rauque d’Adrien. Silence !
Les conversations cessèrent et les musiciens s’arrêtèrent. Tous les regards convergèrent vers
le marié qui s’était levé et tenait son verre d’hydromel à la main.
  - Je souhaite rendre grâce à vous tous, ainsi qu’à ma jeune et merveilleuse épouse, fit Adrien.
Puisse cette jeunette me donner nombreux marmots !
Les rires explosèrent tandis que Margault baissait la tête, rouge de honte.
  - Buvons les amis et mangeons jusqu’à s’en faire exploser la panse !
Adrien porta la coupe jusqu’à ses lèvres et bu d’un trait sous les hurlements joyeux des
convives qui l’imitèrent. Jehan et Arold demandèrent immédiatement qu’on remplisse leur
verre et seul Gaultier et Clothilde semblaient ne pas prendre de plaisir à la fête.
  - Amuse-toi mon frère, lui cria Jehan qui sentait déjà le vin lui monter à la tête.
Gaultier l’observa, les dents serrées. Puis le fils légitime d’Adrien reporta un regard attentif
vers son père qui buvait lui aussi sa troisième coupe. Plusieurs minutes s’écoulèrent alors
jusqu’à se qu’un cri de terreur plongea la salle dans le silence.
  - Monsieur mon époux ?! Hurla Margault qui se penchait sur son mari tombé à terre. Mon
mari !?
Des serviteurs se précipitèrent vers le duc et Jehan se redressa immédiatement.
  - Faite chercher un médecin ! Hurla-t-il alors que la panique envahissait la pièce.
  - Il ne respire plus, fit l’un des amis du duc qui se trouvait près d’Adrien. Il est mort…
Jehan sentit ses jambes se dérober sous lui et fut soutenu par Arold. Le bâtard détourna les
yeux et les posa sur son frère Gaultier. L’espace de quelques secondes, il put voir sur le visage
de son frère une lueur de joie, de victoire, puis le sourire s’effaça aussi vite qu’il était apparu.
Gaultier en temps que successeur de son père, devenait donc duc.

     Ils chevauchaient dans la forêt traquant le cerf qu’ils avaient débusqué plus tôt. Gaultier était
vêtu comme un roi, tout fier qu’il était d’être le nouveau duc. La mort de leur père n’avait pas,
semblait-il, avoir eu un grand effet sur lui, et le deuil avait rapidement été achevé. Jehan,
quant à lui, pensait encore régulièrement à son défunt père et éprouvait beaucoup de mal à
contenir sa haine en la présence de son frère. Il savait ce que celui-ci avait fait. Il est vrai,
beaucoup d’homme de l’âge du duc Adrien mourait suite à des faiblesses du coeur, mais
Gaultier avait beau eu nié, le bâtard était persuadé que la santé d’Adrien n’avait rien avoir
avec cette mort prématurée. Gaultier était le coupable. Son frère était un parricide et il
comptait bien le lui faire payer. Ils approchèrent le petit ravin que Jehan connaissait par coeur
pour y avoir joué tant de fois étant enfant, mais que Gaultier n’avait même jamais remarqué,
trop occupé qu’il était à joué au petit chef dans l’enceinte du château. Jehan continua sans
problème à trotter, mais son frère chuta comme il s’y attendait. Le cri de douleur que poussa
Gaultier emplit le bâtard de satisfaction et celui-ci fit demi tour pour observer son frère affalé
sur le sol.
  - On ne sait plus chevaucher ? Ricana-t-il tandis que Gaultier se tordait de douleur.
  - Tais-toi donc bâtard et aide moi !
Jehan descendit de sa monture pour le rejoindre, se régalant du spectacle qu’il avait sous les
yeux.
  - C’est toi qui as tué père ? Fit-il doucement alors qu’il parvenait tout près de lui.
Les yeux de Gaultier s’écarquillèrent et il secoua la tête en grinçant des dents sous la
douleur.
  - Dis-moi la vérité, sinon je te laisse pourrir ici.
Gaultier hésita, mais il vit dans le regard de son frère que celui-ci ne plaisantait pas.
  - Il… il était vieux, bafouilla-t-il car la douleur lui faisait perdre ses mots, sa mort n’était pas
une grande perte.
Les narines de Jehan se pincèrent tandis qu’il tentait de contrôler sa colère.
  - Et ça te donnait le droit de le tuer ?
  - Je n’aurai plus rien eu de l’héritage ! Il allait tout me prendre ! Ce que j’ai fait nous a rendu
service à tous les deux !
  - A toi peut-être, mais pas à moi.
Un silence s’abattit pendant que Jehan réfléchissait à ce qu’il devait faire. Mais la colère
l’empêchait de se concentrer. Son coeur appelait justice, ou plutôt, il hurlait vengeance.
  - Aide-moi maintenant, Dieu que je souffre !
  - Vois-tu, finit-il par dire calmement, maintenant il me faut songer à mes propres intérêts.
Il s’avança plus près de son frère qui ne mit guère longtemps à comprendre ce qu’il allait se
passer.
  - Non ! Tu ne peux pas faire ça !
  - Salut père de ma part.
  - Non !
Il attrapa la tête de Gaultier et, d’un mouvement brusque, le tua sans une once de pitié. Le
pauvre jeune duc s’était tué dans sa chute, personne ne le soupçonnerait. Jehan contempla le
corps de son frère aîné pendant quelques secondes, puis se détourna pour enfourcher sa
monture et détaler à toute vitesse. L’ambition était impitoyable, Gaultier était bien placé pour
le savoir, et c’était Jehan qui avait remporté le combat du plus fort.

Coralie Martin

mercredi 10 juillet 2013

Ambitions Médiévales : part. 1


La pauvre bête courait le plus rapidement qu’elle le pouvait, mais les chiens à ses trousses ne
manqueraient pas de la rattraper sous peu. Jehan hurla à ses chiens de tenir bon, comme si
ceux-ci pouvaient le comprendre, et éperonna sa monture pour la forcer à aller plus vite.
  - Il est à moi ! Hurla-t-il à ses compagnons de chasse qui acquiescèrent avant de diminuer
l’allure.
Toujours au galop, les chiens aboyant devant lui, il tendit son arc en visant le sanglier qui
courait toujours sans se douter que, dans à peine quelques secondes, il giserait sans vie sur le
sol. Il allait enfin abattre sa proie lorsque celle-ci s’écroula soudainement, une flèche plantée
sur son flanc droit. Jehan poussa un cri de rage et fit trotter sa monture tandis que les chiens se
précipitaient sur le cadavre encore chaud afin de le renifler. L’homme contempla la meute,
reconnaissant plusieurs chiens qui ne lui appartenaient pas, et un éclat de rire non loin de lui
dissipa ses doutes sur le propriétaire.
  - Alors Jehan, toujours aussi rapide à ce que je vois !
Quatre cavaliers à cheval trottinaient vers lui et Jehan reconnu avec colère Gaultier, son demi-frère.
Celui-ci, avec ses soyeux cheveux blonds qui descendaient sur ses épaules et ses grands
yeux bleus, ne ressemblait aucunement à Jehan, qui avait fait couper court sa tignasse brune,
et dont les yeux gris observaient méchamment les nouveaux arrivants qui se gaussaient de lui.
Tandis que le fils légitime du Duc cherchait à se montrer le plus digne de ses origines en se
vêtant toujours convenablement et en étant toujours d’une propreté impeccable, le fils bâtard
du Duc Adrien se plaisait bien dans la négligence et la crasse. Et alors que Gaultier était
admirablement vêtu des couleurs de sa maison, Jehan, quant à lui, était fagoté de vêtements
sombres et sans grande classe.
  - Ce sanglier était à moi ! Dit-il d’une manière qu’il souhaitait calme, mais il lui était
impossible de maintenir l’irritation dans sa voix.
Gaultier le considéra avec un sourire triomphant.
  - Vraiment, pourtant je ne vois pas ton nom écrit dessus ?
Jehan sentit la rage bouillir en lui, mais il se contenta d’esquisser un léger sourire forcé.
  - Il est vrai, rétorqua-t-il. Je te laisse le sanglier, car je sais bien que c’est la seule bête que tu
parviennes à chasser ! Je me garde donc les cerfs, il en foisonne dans ces bois.
Ce fut autour de Gaultier d’afficher un sourire peu convainquant et Jehan se félicita
intérieurement de cette petite victoire. Au moins ne serait-il pas le seul ridiculisé dans cette
histoire.
  - Descends donc de ta monture mon frère, déclara le cavalier blond, causons un peu tous les
deux.
Le bâtard n’avait aucunement envie de parler avec son demi-frère, mais il acquiesça et se
laissa glisser au pied de son étalon noir, rejoignant Gaultier qui l’attendait seul après avoir
demandé à son escorte de les laisser après avoir emmener le sanglier.
  - Où donc est passé ta compagnie ?
  - Contrairement à toi, répondit Jehan d’un ton courroucé, ils m’ont laissé de l’avance afin de
tuer le sanglier. Ils doivent certainement m’attendre tranquillement quelque part.
Gaultier hocha la tête et lui fit signe d’avancer à ses côtés parmi les arbres. Jehan hésita un
moment, se méfiant toujours de son frère aîné avec qui il se battait sans arrêt, puis décida qu’il
n’avait sûrement rien à craindre.
  - De quoi souhaites-tu me parler Gaultier ?
  - De notre père.
Jehan soupira, il se doutait que le mariage de leur père taraudait son demi-frère depuis un long
moment déjà. Le duc Adrien avait à présent atteint la cinquantaine et, las d’être veuf depuis la
mort de sa première épouse il y avait de cela quelques années, il avait décidé de se remarier.
Jehan avait été extrêmement ravi de la mort de Dame Mélisande, la mère de Gaultier.
Naturellement, celle-ci détestait le fils bâtard que son époux avait conçu il y avait vingt-huit
ans de cela avec une roturière et elle n’avait eu de cesse que de le rabaisser et lui mener la vie
dure. Gaultier s’en était rapidement aperçu et, au lieu d’aider son petit frère, avait rapidement
choisi le même chemin que sa mère pour dénigrer à son tour le bâtard. A présent, le duc allait
épouser une très jeune femme de tout juste dix-sept ans. Il n’était pas rare de voir un noble
déjà vieux épouser une jeune demoiselle, aussi Jehan ne se souciait guère de l’âge de sa future
belle-mère. D’ailleurs le jeune homme, bien que guère enchanté par ces noces, ne voyait
aucune objection à faire sur la jeune fiancée qui lui avait paru tout à fait charmante et docile :
ce n’était sûrement pas avec elle qu’il aurait des problème !
  - Je t’écoute.
Gaultier passa la main droite dans ses cheveux longs et donna un coup de pied dans une
souche qui trônait sur le sol.
  - Ce mariage est une très mauvaise chose pour nous. J’imagine que tu t’es déjà interrogé sur
la question et tu n’as certainement pas manqué de remarquer tous les désavantages que cela va
apporter ?
Jehan le considéra sans rien dire, si bien que Gaultier pensa qu’il fallait expliciter.
  - La donzelle est jeune et certainement très fertile, poursuivit-il, il est certain que son ventre
portera de nombreux fruits. Celle-ci, une fois les premiers marmots nés, parviendra
certainement à convaincre père de laisser la jeune marmaille obtenir une partie de l’héritage,
chose que nous ne pouvons permettre.
Jehan secoua la tête et ne put s’empêcher d’éclater de rire.
  - Que nous ne pouvons pas permettre ? Répéta-t-il en riant. Et puis-je savoir à quel parti de
l’héritage puis-je prétendre ? Je ne suis qu’un pauvre bâtard et, quoiqu’il advienne, je
recevrais les miettes de chacun des enfants légitimes de notre père. Je n’ai cure de ce mariage
et je n’ai cure de protéger tes intérêts.
  - Si je reste le seul héritier, les miettes dont tu parles seront bien plus grosses que celles que
tu pourrais récolter si la jeune fiancée de père lui donne des fils. De plus, je ferais en sorte que
ta condition soit des plus admirables, je ne te négligerais pas mon frère !
Un éclat de rire souleva une nouvelle fois la poitrine du bâtard.
  - Ne pas me négliger ? Mais Gaultier, tu n’as jamais su que me considérer avec mépris,
comment pourrai-je croire que tu m’aideras lorsque père sera mort ?
  - Parce que tu restes mon frère.
  - Et cette marmaille qui naîtra de la nouvelle union de père sera aussi de ton sang, tu ferais
bien de t’en souvenir. Aussi, tu resteras l’aîné et recevras les titres de père ainsi que la
majorité de sa fortune, quelques frères ne vont pas diminuer grandement ton héritage déjà
bien conséquent.
  - Cet héritage est à moi, je ne permettrais pas qu’on arrache ce qui me revient de droit !
Vois-tu Jehan, je pense à mes futurs enfants à naître, que feront-ils d’un héritage déjà
morcelé ?!
Le visage de Gaultier était emplis de colère et commençait à prendre une couleur pourpre.
  - Tes enfants ? Se moqua Jehan. Voilà bien dix ans que tu es marié à Clothilde et toujours
aucun héritier. Je doute qu’elle ne te donne des enfants un jour. Elle est peut-être stérile, ou
bien c’est de toi que vient le problème ?
  - Comment oses-tu !?!
Jehan leva les mains en l’air avec un rire sournois alors que son frère se rapprochait de lui
avec fureur, près à en découdre.
  - Paix mon frère ! Déclara-t-il.
Il se dépêcha de monter sur son cheval bien qu’il ne doutait pas de remporter le combat contre
son mollasson de frère, il se dérobait pourtant, car ne souhaitait aucunement se faire rabrouer
par son père lorsqu’il apprendrait leur escarmouche.
  - Cesse donc de te tracasser pour ces noces, poursuivit-il. Le mariage aura lieu et si, dans sa
bonté, le Seigneur accorde à notre père de nouveaux enfants, sois en heureux pour lui.
Il talonna sa monture et fonça au galop parmi les bois, ignorant les appels de son demi-frère
qui hurlait son nom.

                                                                                                            Coralie Martin

mardi 5 février 2013

Pink Castle

Voici un petit dessin fait il y a maintenant un peut plus d'un mois. J’espère qu'il va vous plaire. Et à votre avis, de quel château s'agit-il ? J'espère que vous allez deviner !