mercredi 24 juillet 2013

Ambitions Médiévales : part. 4


  - Dans un mois nous lancerons notre entreprise sur les terres de Roland, déclara Jehan à
Arold qui se tenait près de lui. Nous gagnerons enfin la justice !
Son bon ami hocha la tête.
  - Rapine, violence : tout vous sera permis !
  - Les hommes seront ravis, voilà bien longtemps qu’ils se morfondent en attendant de se
battre.
Jehan secoua la tête en soupirant.
  - Mon père était un grand homme, mais pas assez fort pour mener cette guerre. Quand à
Gaultier, c’était indéniablement un faible ! Cette femmelette n’aurait jamais su diriger
correctement le duché !
  - C’est donc une bénédiction qu’il nous ait quitté si vite, lâcha Arold en contemplant Jehan
d’un air entendu.
Le bâtard le dévisagea un moment avec indécision, se demandant si son ami avait deviné quel
rôle il avait joué dans la mort de son demi-frère. Bien que celui-ci était un véritable ami, le
meilleur qu’il ait eu d’ailleurs, Jehan avait jugé préférable de ne rien lui dire.
  - Bien, finit-il par dire sans s’attarder, mettons en place les préparatifs. Et surtout, il faut
veillez à ce que Roland ne se doute de rien.
  - Bien entendu, répondit Arold.
Jehan quitta la pièce pour se rendre auprès d’Ariane qui tissait tranquillement.
  - Bonjour ma chère, fit-il en se penchant pour lui baiser le front. Vous portez-vous bien ?
La jeune femme posa affectueusement sa main sur son ventre légèrement rebondi en lui
souriant.
  - Tout va bien, je vous remercie.
  - Espérons que notre fils sera en bonne santé ! Clama-t-il.
Puis il la fixa plus longuement.
  - Je vous trouve bien pâle, s’inquiéta-t-il, voulez-vous un verre de vin ?
Il claqua des doigts pour que le valet apporte une coupe de vin rouge.
  - C’est simplement le manque de soleil, je suis si souvent à l’intérieur ! Le rassura son
épouse.
Le verre arriva et Jehan l’attrapa, se penchant ensuite vers elle.
  - Buvez tout de même, ordonna-t-il avec douceur, mais fermeté. Cela vous redonnera des
couleurs !
Elle s’exécuta, prenant uniquement une gorgée.
  - Buvez tout Ariane, fit-il en croisant les bras.
Elle hocha la tête et s’empressa de finir le verre. Son mari n’était pas un mauvais bougre, mais
elle était assez maligne pour savoir qu’il valait mieux lui obéir.
  - Bien. Vous êtes une adorable épouse !
Il se pencha pour lui donner un baiser sur les lèvres et, après s’être agenouillé, posa lui aussi
ses main sur le ventre rond, un large sourire s’étirant sur ses lèvres. Il avait bien fait d’épouser
Ariane, celle-ci s’était révélée très fertile et il était certain que l’enfant avait été conçu le soir
même de la nuit de noce. Un fils, elle lui donnerait un fils. Voilà qui assurerait sa
descendance, lui prodiguerait encore plus de légitimité et il serait assuré de l’amour de ses
gens. Il était extrêmement satisfait de sa situation, ravi que ses plans se déroulaient comme il
le souhaitait.
  - Si je pouvais sortir un peu plus, avança Ariane en remarquant son air ravi, peut-être que
cela serait bon pour l’enfant que je porte ?
Jehan secoua la tête.
  - Non.
  - Mais le médecin a dit que je pouvais parfaitement…
  - Peu importe ce qu’a dit le médecin, s’énerva Jehan, vous portez mon enfant, mon premier
né, et je ne veux guère de problèmes pendant cette grossesse. Vous la mènerez à terme, même
si pour cela je dois vous séquestrez afin qu’il ne vous arrive rien de fâcheux.
Son épouse baissa les yeux.
  - Si c’est ce que souhaite monsieur mon mari, alors je ne manquerai pas de lui obéir.
Le bâtard, légèrement attendri par le regard triste de sa femme, lui caressa la joue et releva
son menton entre son pouce et son index pour la forcer à le regarder.
  - Je ne souhaite point vous accabler mon amour, fit-il doucereusement, je vous laisse donc
sortir dix minutes de plus chaque jour. Cela vous convient-il ?
  - Parfaitement, je vous remercie.
  - Alors c’est entendu ! A présent, chère épouse, je retourne à mes affaires de Duc.
Il s’éloigna d’un pas joyeux.
Le mois défila à toute vitesse et son ost fut bientôt entièrement réuni, gonflée par les forces de
la parenté et des alliés, dont les solidarités se substituaient à l’autorité publique. A sa tête,
Jehan avait fière allure dans son armure étincelante, sa bannière tenue par un cavalier à ses
côtés. Ils ne mirent guère longtemps à arriver sur le territoire de Roland et se livrèrent au
brigandage, viols et autres méfaits. Les nobles prenant grand plaisir à terroriser la populace
par des chevauchés et des razzias dévastatrices, rappelant aux paysans la domination qu’ils
exerçaient sur eux.

Coralie Martin

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