mercredi 17 décembre 2014

Le lutin du Père Noël 02




Le lendemain matin, il entendit ses parents se préparer et quitter la maison et, constatant qu’il était à peine huit heures passées, s’accorda en souriant quelques heures de sommeil supplémentaire. C’était cela aussi la joie d’être en vacances, on pouvait se coucher à l’heure que l’on voulait et, surtout, se lever quand on le souhaitait. C’était le paradis !
  - Allez gamin, on se lève !! Tonitrua une voix en ouvrant brusquement la porte de sa chambre.
La lumière fut allumée et Samuel grogna avec colère, désespéré que l’on brise son repos des vacances.
  - Debout ! Debout ! Debout !
Voyant qu’il ne se levait pas, son grand père secoua le lit et le jeune homme fut bien forcé de se lever. Diable il était agité ! Avait-il vraiment besoin d’être en maison de retraite avec toute la force qu’il dégageait ?! Samuel ouvrit les yeux en grommelant et resta les yeux ronds devant son grand-père qui lui souriait machiavéliquement.
  - Mais qu’est-ce que tu as sur la tête ?!
  - Ca se voit pas ? Aujourd’hui je suis le Père Noël !
Samuel hésita un moment, fallait-il rire ou pleurer. Si le chapeau rouge et le pompon blanc étaient bien présents sur sa tête, la barbe était quelque peu… étonnante.
  - Et pourquoi tu t’es scotché du papier toilette sur les joues ?
  - La barbe pardi ! La barbe !
  - Heu…
  - Toi mets ça !
Son grand-père lui posa sur la tête un immonde couvre chef peinturluré de vert et visiblement fait en carton.
  - Tu es le lutin du père Noël aujourd’hui ! Et nous avons des tas de chose à faire.
Quoi ?! Samuel observait son grand père avec les yeux écarquillés, se demandant s’il ne s’agissait pas d’une blague ou s’il était sérieux. Ce dernier fronça les sourcils.
  - Allez, habille-toi gamin ! On n’a pas que ça à faire !
  - Mais…
Son grand-père ouvrit les tiroirs et lui balança un caleçon à la figure tout en lui demandant s’il n’avait pas des vêtements verts pour l’assortir avec son chapeau.
  - Cette tenue fera parfaitement l’affaire !
  - Grand-père, c’est un pyjama !
  - On s’en fout ! Mets-le.
  - Non !
Son grand-père lui lança ce regard effrayant dont il avait le secret.
  - Si tu ne le mets pas, je raconterai plein de choses à tes parents.
Samuel sentit son estomac se tordre.
  - Quoi comme choses ?
  -  Du genre « Mon indigne de petit fils m’a laissé seul à la maison toute la journée pour aller jouer avec ses copains ».
  - Mais… mais c’est faux !
  - Evidemment, j’ai jamais dit que ce serait la vérité. Et à ton avis, qui tes parents vont-ils croire ?
Le vieux était décidemment fourbe. Samuel grinça des dents en observant les bandelettes de PQ qui descendaient en cascade sur le menton de son grand-père. Il allait se laisser guider sa conduite par ce vieux gâteux ! Il attrapa le pyjama et l’enfila, non sans jeter un regard haineux à son grand-père que la situation semblait amuser de plus en plus.
                           Lorsqu’il fut prêt, son grand-père l’entraîna dans l’entrée et attrapa leur manteau.
 - Heu, qu’est-ce qu’on fait là ? 
 - On sort, et couvre toi parce qu’il fait froid dehors.
Sortir ? Dans cet accoutrement ?! Mais il n’en était pas question ! Lorsque Samuel fit part de ses sentiments, son grand-père lui fit les grands yeux et, voyant que cela n’avait pas d’effet sur son petit fils, employa une nouvelle fois sa menace. Cette fois-ci encore, Samuel n’eut pas d’autres choix que d’obéir. Lorsqu’ils ouvrirent la porte, un froid glacial vint leur lécher les joues et Samuel regretta de ne pas pouvoir enfilé son bonnet, au lieu de cela il portait cet immonde chapeau de lutin improvisé ! Son grand-père lui tira la manche et lui montra du doigt un vieux skate board stationné près du garage.
  - Heu… pourquoi as-tu sorti mon skate board ? Demanda Samuel.
  - Ceci sera notre traîneau !
En effet, le jeune homme remarqua les grelots que son grand père avait accrochés dessus ainsi qu’une corde à l’avant. Il grimaça en constatant que le vieux ne faisait pas les choses à moitié…
  - Et pour le tirer, j’aimerais que tu ailles me chercher cet animal !
Samuel suivit des yeux la direction que son grand-père pointait et frémit en remarquant qu’il parlait du chien bouvier bernois des voisins.
  - Mais t’es cinglé ?! On ne va pas prendre le chien des voisins pour tirer ce train… heu, truc !
  - Bah, si on l’emprunte pour quelques heures, ils ne remarqueront rien. On le ramène en disant qu’on l’a retrouvé un pâté de maison plus loin.
Pas de doute, le vieux était dérangé ! Samuel se dit alors que la vieillesse était décidemment une bien triste chose… faire perdre la tête ainsi, quelle horreur ! Il espérait ne jamais terminer de cette façon.
  - Aïe ! S’écria Samuel après que son grand-père l’eut frappé à la tête.
  - Arrêtes de rêvasser et va me chercher ce chien !
  - Mais ça ne va pas, je ne vais pas le voler ! S’il y a un problème après, je suis sûr que tu vas le retourner contre moi !
Leurs regards s’affrontèrent un long moment, mais cette fois-ci Samuel était déterminé à ne pas céder. Son grand-père avait vraisemblablement décidé de le tourner en ridicule, il était hors de question qu’il se laisse faire !
  - Bon très bien…
Le jeune homme écarquilla les yeux en voyant que le vieux abandonnait si vite.
  - C’est toi qui vas tirer le traîneau alors !
  - Je ne tirerai pas cette saleté de traîneau ! Si tu veux te tourner en ridicule, fais-le tout seul ! Tu es vieux et t’as rien à perdre, moi je suis jeune et j’ai encore toute ma vie devant moi, j’ai donc une réputation à sauver si je ne veux pas passer mon existence dans la solitude la plus totale !

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